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Les Exploits d’Iberville

même prendre la peine de la présenter à celui qui l’avait forcée à se rendre.

Montigny fut envoyé à Portugal Cove pour barrer le passage aux fuyards qui gagnaient Carbonière au nord et en prit trente.

On proposa à Urbain de rester sur les lieux avec soixante hommes de Brouillan ; mais d’Iberville devant continuer la guerre pendant tout l’hiver avec ses Canadiens, c’était suffisant pour le faite refuser.

Quant aux deux navires en vue, voyant la place prise et désespérant de la reprendre, ils retournèrent en Angleterre.

D’Iberville et ses Canadiens, les raquettes aux pieds, n’ayant que leurs armes et un sac sur le dos, parcoururent, pendant deux mois, les établissements situés sur la côte de Terreneuve. Ils s’en emparèrent avec facilité, car la terreur avait saisi les habitants, et il ne restait plus aux Anglais que Bonaviste et l’Île de Carbonière.

« Mais, dit Charlevoix, le premier de ses deux postes était trop bien fortifié pour pouvoir être insulté par une aussi petite troupe de gens, qui, marchant sur la neige et presque toujours par des chemins impraticables à tout autre qu’à des Canadiens et à des sauvages, ne pouvaient porter tout au plus que leurs fusils et leurs épées avec ce qu’il fallait de vivres pour ne pas mourir de faim. »