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Les Exploits d’Iberville

Les neiges avaient commencé à tomber. Le 20 novembre, les Français s’avançaient en ordre de bataille. Montigny, avec trente Canadiens, formait l’avant-garde, et précédait le corps principal de cinq cents pas. D’Iberville et Brouillan suivaient à la tête des troupes.

Après avoir parcouru environ deux lieues et demie, la bande de Montigny se heurta sur un corps de quatre-vingts hommes, postés avantageusement dans le bois et couverts par quelques rochers.

Étonnés un instant, les Canadiens se mettent à genoux pour recevoir l’absolution de l’abbé Beaudoin, puis ils s’élancent tête baissée sur l’ennemi. De Brouillan et d’Iberville arrivent presque aussitôt et attaquent les Anglais en tête et en flanc avec tant de vigueur, que ceux-ci fuient et se réfugient à St-Jean. D’Iberville les y suit et les force à se jeter dans deux forts, dont il s’empare et fait trente prisonniers ; le reste s’enfuit dans un grand fort ou dans une quaiche[1] mouillée dans un hâvre. Sur ces entrefaites, de Brouillan arrive avec ses soldats et sa milice ; tous s’installent dans la ville, pendant que la quaiche sortait du port, emportant une centaine d’hommes et les effets les plus précieux des habitants.

Deux cents Anglais s’étaient retirés dans le grand fort, où ils espéraient être secourus par deux vaisseaux de guerre qu’ils attendaient. Il fallait s’ouvrir

  1. Petit vaisseau à un pout mâté en fourche.