rien qu’en faisant tout marcher par les seuls battements du cœur le plus droit et le plus ingénu. »
J’irai plus loin, continuai-je, et je soutiendrai que le roman, le bon roman, bien entendu, fut-il un moyen assez précaire de moraliser la jeunesse, est devenu nécessaire. Permettez-moi de m’expliquer.
Depuis quelques années, l’amour de la lecture a fait un immense progrès parmi le peuple, grâce au journal à un sou et au feuilleton à bon marché. C’est un vrai déluge qui a envahi nos campagnes les plus reculées, je vous en parle en connaissance de cause. Et que lit-on ? Le roman français du jour, c’est-à-dire, même parmi ceux qui sont réputés les moins mauvais, ce qu’il y a de plus dangereux pour le cœur et l’esprit de la jeunesse, un ramassis de songes creux, d’aventures impossibles et de doctrines subversives. Ce poison dangereux et subtil a pénétré à leur insu au sein des familles les plus chrétiennes. Vous en doutez ?
— Que lisez-vous là ? mademoiselle, demandais-je, la semaine dernière, à une petite fillette de 16 ans.
— Le secret du fou ! me répondit-elle.
— Connaissez-vous cet ouvrage, madame ? repris-je, en m’adressant à la mère qui était assise à mes côtés ?