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Les Exploits d’Iberville

« Un jour, Kernouët, flânant sur les enfléchures, s’aperçut qu’il n’y avait que deux matelots sur le pont et que le reste de l’équipage était dans la mâture.

« Une idée lumineuse et téméraire lui traverse l’esprit. Sans faire semblant de rien, il saisit une hache, s’approche, s’approche, en se faufilant le long des bastingages, des deux matelots. En deux temps et quatre mouvements, il leur casse la tête et vient au pas de course me délivrer.

« Quand l’équipage s’aperçut de la chose, nous nous étions emparés de toutes les armes.

« Kernouët, qui avait appris quelques mots d’anglais, pria bien poliment les matelots de ne descendre qu’un à un, et je les attachais à mesure, tandis que mon camarade les tenait en joue.

« Nous n’en gardâmes que trois pour nous aider à ramener notre prise au fort.[1] »

— Et certes, les vivres qu’il contenait nous furent d’un bien grand secours ! dit d’une voix mâle un nouveau personnage qui entrait en ce moment dans la salle.

— Les matelots se retournèrent et lançant leur bonnet au plafond :

— Vive le commandant d’Iberville ! s’écrièrent-ils tous avec enthousiasme.

  1. Cet épisode peut paraître invraisemblable ; il est cependant de la plus grande exactitude historique.