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Les Exploits d’Iberville

« Pour lors, un jour le commandant d’Iberville vint me trouver sur le pont où j’observais dans le lointain un navire qui louvoyait.

— « Vieux ! qu’il me dit, c’est un Anglais.

— « Oui, mon commandant.

— « Tu vas prendre un canot et avec un camarade, tu iras l’observer de cette pointe, que tu vois là-bas. Choisis un solide pour cette expédition.

— « Que dites-vous de Kernouët ? mon commandant.

— « C’est on ne peut mieux !

« Et nous voilà en route. Mais au moment où nous doublons la pointe que le commandant nous avait indiquée, crac ! voilà que nous tombons sur deux chaloupes anglaises qui nous fusillent comme des canards. J’ai le bras droit cassé par une balle, Kernouët est garotté en moins de temps que de le dire et on nous emmène prisonniers à bord du vaisseau où nous sommes jetés à fond de cale.

« Je n’irai pas vous ennuyer du récit de toutes nos souffrances pendant l’hiver que nous passâmes dans cette cale. Aussi bien, j’ai hâte de finir, car l’estomac bat le rappel.

« Plusieurs matelots anglais ayant été enlevés par le scorbut pendant l’hiver, au printemps, Kernouët fut tiré de la cale pour aider à la manœuvre.