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vi
Préface

que j’en suis presque venu à la conclusion que les meilleurs ne valent rien.

— Permettez-moi d’être respectueusement d’un avis contraire, répliquai-je, et de vous démontrer qu’il ne faut pas être trop exclusif sous ce rapport. À l’appui de cette idée, je vous citerai l’opinion de Louis Veuillot qui est une autorité auprès de vous, je le sais.

Mon illustre interlocuteur sourit et prenant une pose attentive :

— Voyons cette opinion, dit-il.

— Je la trouve dans la préface de Corbin et d’Aubécourt, charmante création démontrant que Veuillot, s’il l’eût voulu, aurait été aussi brillant romancier qu’il était polémiste incomparable. Je cite :

« C’est d’une conversation, dit-il, qu’est né ce petit ouvrage.

« On avait agité le pour et le contre sur les romans, et je m’étais prononcé en faveur de ce genre de littérature. J’avais soutenu qu’il n’était nullement antipathique aux règles strictes de la morale et du bon sens, et que l’on pouvait intéresser et émouvoir même un lecteur français, sans aborder l’étrange, sans outrer les sentiments, en un mot, sans sortir de la vie commune ni de ses devoirs, et