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Les Exploits d’Iberville

son autorité et ses frères anglais retourneront dans leur pays sans lui donner les secours dont il a besoin pour vaincre ses ennemis.

Dans bien des lunes, on dira que Tête d’Aigle était un fameux chef parmi les siens ; mais qu’un jour il fut ensorcelé et que son courage s’endormit, que, comme un lâche guerrier, il sacrifia la prospérité, le salut de sa nation qu’il aurait su rendre la plus redoutable, pour les beaux yeux d’une fille de ses ennemis.

Un éclair passa dans les yeux du jeune sauvage.

— C’est bien, dit-il en se dirigeant vers la porte de la cabane, mon frère sera content, car les prisonniers vont mourir !

L’officier anglais s’aperçut qu’il avait été trop loin, il arrêta Tête d’Aigle au passage :

— Le chef n’a pas compris les paroles de son frère ; s’il veut, je vais lui proposer un marché.

— Que mon frère parle ; les oreilles du chef sont ouvertes.

— Les prisonniers sont la propriété de Tête d’Aigle ; il peut en disposer comme bon lui semblera. Or, s’il veut me les donner et me les laisser emmener dans mon pays, voici ce que je lui donnerai en retour. D’abord pour lui ces belles armes qu’il admirait tantôt dans mes bagages et la bouteille d’eau-de-feu qu’il m’a demandée ; puis pour ses guerriers, dans