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Les Exploits d’Iberville

Cette nouvelle avait été reçue avec joie dans les colonies anglaises qui auraient bien voulu de suite envahir le Canada. « Car, comme le dit Bancroft[1], c’était là leur passion dominante, » mais le défaut de préparatifs et quelques divisions intestines les empêchèrent de porter elles-mêmes la guerre chez leurs voisins.

Jusqu’à cette époque, elles s’étaient contentées de pousser bien discrètement les iroquois aux hostilités les encourageants de leurs conseils et de quelques secours en armes.

La déclaration de la guerre avait causé une égale joie au milieu des cinq cantons toujours furieux de l’enlèvement de leurs chefs et de l’invasion du pays des Tsonnontouans. Aussi envoyèrent-ils des députés à Albany pour renouveler leur ancienne alliance faite à l’arrivée des Européens. « Alors nous sommes devenus frères, avait dit l’orateur de l’ambassade en quittant ses nouveaux alliés, et nous avons continué d’être vos frères jusqu’à l’automne dernier, quand Andros[2] est venu former une nouvelle chaîne d’amitié et nous a appelés ses enfants. Mais reprenons les anneaux de la vieille chaîne qui nous a autrefois rendus frères. »

Cette phrase fait bien voir le caractère de ces fiers Iroquois qui tenaient avant tout à leur indépendance.

  1. History of the United States, chap. xix.
  2. Sir Edmond Andros, gouverneur des colonies anglaises.