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Les Exploits d’Iberville

— Je te le défends ! s’écria le vieillard d’une voix tonnante, et si tu me désobéis, Yvonne, toi, l’enfant de mon cœur, toi, mon idole. ! je te maudis !…

— Que va répondre la Fleur du Lac ? reprit Tête d’Aigle avec le plus grand sang-froid.

La jeune fille voulut s’élancer vers son père ; mais brisée par tant d’émotions, elle jeta un cri qui fit tressaillir même ses bourreaux et elle s’affaissa sur le sol en proie à une crise nerveuse.

Cependant, sur un signe du chef, les principaux guerriers de la tribu se rangèrent devant le poteau, leurs armes à la main, tandis que les femmes, surtout les plus vieilles, se ruaient sur le condamné en l’injuriant, le poussant, lui tirant les cheveux et le battant, sans que non-seulement il opposât la moindre résistance, mais encore sans qu’il cherchât à se soustraire aux mauvais traitements dont on l’accablait.

Alors l’exercice du couteau commença. Chaque guerrier saisit son couteau à scalper par la pointe, avec le pouce et l’index de la main droite, et le lança à la victime de façon à ne lui faire que de légères blessures.

Les sauvages, dans leurs supplices, tâchaient que la torture se continuât le plus longtemps possible ; ils ne donnaient le dernier coup à leur ennemi que quand ils lui avaient arraché la vie peu à peu et pour ainsi dire par lambeaux.

Les guerriers lancèrent leurs couteaux avec une si