— Dites au chef, répondit Yvonne, que je l’attends à la porte du wigwam de mon père.
La jeune indienne se retira suivie d’Yvonne qui s’assit sur un tronc d’arbre isolé de manière à éviter une surprise.
Quelques instants après, Tête d’Aigle était devant elle.
— Que me veut le grand chef ? dit la jeune fille d’un air triste.
— Le cœur du chef est sombre comme un tombeau ! répondit le sauvage. Depuis bien des lunes son wigwam est désert, quoique plus d’une jeune femme de sa tribu fût fière d’y entrer.
— Pourquoi le jeune chef n’en choisit-il pas une qui fera son bonheur ?
— Rien n’est comparable à la Fleur du Lac, reprit Tête d’Aigle, et le chef sera triste tant qu’elle ne viendra pas faire l’ornement de son wigwam.
Sa patience est à bout cependant, ajouta-t-il en voyant un geste de répulsion échappé à Yvonne ; les jeunes gens s’impatientent et murmurent contre le chef, qui n’a pas encore attaché au poteau de torture le prisonnier à tête grise.
— Chef ! s’écria Yvonne, vous êtes vaillant, bien des chevelures ornent la porte de votre cabane, irez-vous ternir votre gloire en massacrant un pauvre vieillard qui ne peut se défendre ? Torturez-moi, mais épargnez mon père !