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Les Exploits d’Iberville

— Quelle horrible position que la nôtre ! Et dire que depuis trois mois que nous sommes ici, pas le moindre espoir de délivrance !

— Qui sait ? mon père, il ne faut pas encore désespérer. C’est déjà beaucoup qu’on nous ait épargnés.

— Eh oui ! grâce à cette fatale passion que le chef de ces mécréants nourrit pour toi dans son sein. Mais cette passion surtout m’effraie…

— Vous savez, mon père, que la mort ne me fait pas peur. Du reste, cet amour de Tête d’Aigle est notre meilleure sauvegarde. Depuis cette scène où je l’ai menacé de me tuer avec ce poignard que j’ai su dérober à ses recherches, s’il osait porter la main sur moi, il n’a plus parlé de son amour.

— Ce n’est qu’une trêve, mon Yvonne. Ces enfants des bois, que ne guide aucun sentiment de morale, vivant aux caprices du sort, ne renoncent pas ainsi à leurs projets.

— Je l’attends de pied ferme et je saurai me défendre.

Comme pour justifier les appréhensions du vieillard, une jeune femme de la tribu pénétra en ce moment dans la cabane et s’adressant à Yvonne :

— Le grand chef dit-elle, m’envoie prévenir la jeune fille pâle qu’il veut lui parler. Veut-elle me suivre ?