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Les Exploits d’Iberville

tiles dangereux, et la lutte s’engagea en même temps sur tous les points du village avec une furie et un ensemble que l’on ne rencontre que dans les horreurs de cette espèce de guerre.

Les sauvages, étonnés d’une telle résistance, furent tout d’abord repoussés ; mais ayant l’avantage du nombre, ils ne devaient pas tarder à triompher.

Tête d’Aigle, les animant de sa parole et de l’exemple, les lança à l’assaut de ces maisons devenues chacune de petites citadelles.

Un feu roulant s’étendait sur une même ligne, car, suivant la coutume, le village se composait d’une seule rue aboutissant sur la place de l’église.

Bientôt encore, l’incendie se propageant, les habitants se virent contraints d’abandonner leurs demeures pour combattre dans la rue.

La lutte alors n’était plus possible.

Femmes, enfants, vieillards gisaient étendus à côté de leur mari, de leur frère, de leur fils.

Quelques hommes, combattant avec cet élan désespéré que donne la certitude d’une mort prompte et glorieuse, essayaient seuls encore, non pas de repousser les sauvages, mais de tuer le plus possible d’ennemis avant de succomber eux-mêmes.

Cependant, dès le commencement de l’action, le père Kornouët, suivi de ses garçons de ferme, s’était précipité au dehors, armé d’une hache.