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Les Exploits d’Iberville

Ça et là quelques chiens lançaient bien dans l’air un lugubre hurlement d’alarme, mais les Iroquois demeurant immobiles et silencieux, les vigilants gardiens se contentaient de grogner sourdement, et, le péril passé, regagnaient leurs chenils.

Tout à coup retentit du milieu de la place un cri de démon, répété comme un écho par toute la troupe, qui se précipita vers les maisons et en enfonça les portes à coup de hache.

Déjà deux de ces maisons étaient la proie des flammes et deux ou trois cadavres gisaient dans la rue éclairée par ce commencement d’incendie.

Surpris à l’improviste dans leur sommeil, les malheureux paysans, aux premières détonations, s’étaient élancés aux fenêtres, les autres aux portes de leurs habitations et partout les avaient assaillis les balles et la hache des barbares.

Mais nos pères étaient des braves et ne reculaient pas en face de la mort.

Le premier moment de surprise passé, un immense cri de rage et de menace succéda au cri d’alarme, et ce cri, hommes, femmes, enfants, vieillards le poussèrent à la fois.

Tout devint une arme entre ces mains désireuses de repousser la force par la force.

Les fusils, les faulx, les bâtons, les pierres se transformèrent en armes, en moyens de défense, en projec-