Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
Les Exploits d’Iberville

— Mon fils, Tête d’Aigle, dit-il, a une importante communication à faire au conseil des chefs ; qu’il parle, nos oreilles sont ouvertes. Tête d’Aigle est un guerrier aussi sage qu’il est vaillant, ses paroles seront écoutées par nous avec respect. J’ai dit ![1]

— Merci, répondit le jeune chef, mon frère est la sagesse même, le grand manitou n’a rien de caché pour lui.

Les chefs s’inclinèrent en signe d’assentiment et Tête d’Aigle continua :

— Les visages pâles du pays des grands lacs, nos éternels persécuteurs, nous poursuivent et nous harcellent sans relâche, nous obligeant à leur abandonner un à un nos meilleurs territoires de chasses, et à nous réfugier au fond des forêts comme les daims timides. Beaucoup d’entre eux osent venir jusque dans les prairies qui nous servent de refuges, trapper les castors et chasser les élans qui sont notre propriété. Leur langue est menteuse comme celle d’une vieille femme, et naguère encore Ononthio, leur chef, a mis dans les fers et massacré nos ambassadeurs. Ces hommes sans foi nous volent et nous assassinent quand ils peuvent le faire impunément. Est-il juste que nous souffrions leurs rapines sans nous plaindre ?

  1. Les orateurs des cinq cantons terminaient invariablement leurs discours par l’expression suivante : Iro qui signifie : J’ai dit. Pour exprimer la joie ou la douleur, ils se servaient du mot : quois ! De là vient le nom générique d’Iroquois qui désignait les cinq cantons. (Note de l’auteur.)