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Les Exploits d’Iberville

Le commis fouilla pendant quelques instants dans de nombreux casiers poudreux, puis il finit par mettre la main sur un pli qu’il me remit et dont je brisai immédiatement le cachet.

L’écriture m’était inconnue, quoiqu’il me rappelât cependant avoir vu ces longs paraphes quelque part. Je courus aussitôt à la signature et l’éclair se fit dans mes souvenirs : c’était le notaire de mon bienfaiteur, le tabellion de la Belle-Jardinière qui m’écrivait…

« Aussitôt la réception de la présente, me disait-il, en quelqu’endroit que vous vous trouviez, quittez tout, affrétez même un navire pour vous transporter, s’il le faut, mais coûte que coûte, accourez au château de la Belle-Jardinière, il y va pour vous de votre avenir, du nom que vous portez. »

Si l’écriture de maître Raguteau n’était une garantie de l’authenticité de cette lettre, je croirais à une mauvaise plaisanterie des amis que j’ai quittés à Paris ! Mais malgré qu’il me soit impossible de m’expliquer ce qui m’arrive, le doute n’est pas permis. Que dois-je faire ? »

— Mais, mon ami, reprit la jeune fille, il n’y a pas d’alternative : il faut partir… le plus vite possible… ce soir même, si c’est nécessaire.

— Mais vous ?

— Vous savez que nous partons aussi dans quelques jours pour un village près de LaRochelle où