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Les Exploits d’Iberville

XXV.

Le naufrage.


L’équipage du Pélican eût double ration ce soir-là en l’honneur des nouveaux venus. Tandis que notre ami Cacatoès, mis en verve par un petit doigt d’eau-de-vie, bonnet bien planté sur l’extrémité de l’occiput, fait les délices des babordais et des tribordais couchés sur le gaillard d’avant, Yvonne raconte à son fiancé ses aventures depuis qu’elle l’a quitté.

Il serait inutile pour nous d’essayer un seul instant de donner une pâle idée du bonheur qui fait battre le cœur des deux jeunes gens.

C’est par des alternatives de joie, d’orgueil, de crainte, d’indignation que passe Urbain à mesure que la jeune fille déroule devant ses yeux les malheurs, les souffrances et les quelques jours de tranquillité qu’elle a connus depuis son enlèvement par les sauvages.

— Et vous n’avez pas hésité à vous embarquer sur ce mauvais bateau ? On vous avait donc caché le danger d’une pareille tentative !

— Je le connaissais, mon ami, mais la mort mille fois plutôt que de vivre plus longtemps dans cet affreux pays !…