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Les Exploits d’Iberville


    tion, ils s’enfoncèrent dans le pays, franchirent une multitude de rivières. D’Iberville faillit périr en traversant l’une d’elles. « Il fallait être canadien, remarque à ce sujet M. de la Potherie, pour supporter les incommodités d’une si longue traversée. »

    …Un sauvage informa les canadiens de la situation du fort Monsini et ils partirent pour aller le surprendre le 18 juin au soir. À la tombée de la nuit, les sieurs d’Iberville, de Sainte-Hélène allèrent à la découverte de si près, qu’ils sondèrent les canons et constatèrent qu’ils n’étaient pas chargés. On décida d’attaquer de tous côtés à la fois. Le sieur de Catalogne avec les soldats français, la hache à la main, devait ouvrir une brèche dans la palissade ; le chevalier de Troyes et le sieur de Maricourt, conduisant un parti de canadiens, battraient du bélier la porte principale ; les sieurs d’Iberville et de Sainte-Hélène monteraient à l’escalade. En deux coups, le bélier défonça la porte et le chevalier de Troyes se jeta dans la place, fit faire feu dans toutes les embrasures et les meurtrières du blockhaus. Les Anglais demandèrent quartier et on le leur accorda. L’action avait duré deux heures.

    « Après quelques jours de repos, la petite troupe partit pour aller prendre le fort Rupert, distant sur la droite d’environ une quarantaine de lieues ; un certain nombre de soldats montait un petit bâtiment qu’on avait trouvé en rade dans le fort Monsini et qu’on avait réparé pour transporter deux petits canons. Arrêtés par le vent sur une pointe, celle d’Anna Bay, je suppose, d’où l’on fait une traversée de six lieues pour éviter un contour de près de cent milles, ils aperçurent au large un vaisseau au milieu des glaces.

    « Le 27 juin, ils purent traverser cette Baie, naviguant entre ces énormes glaçons et gardant à vue le vaisseau qui alla mouiller devant le port, à une portée de fusil.

    Le soir, quand on supposa que les Anglais s’étaient retirés dans les chambres du fort ou dans la cale du vaisseau, des éclaireurs canadiens allèrent à la découverte à travers les taillis épais des bois. À leur retour, sur le rapport qu’ils firent, d’Iberville s’offrit pour enlever le navire. Il partit avec deux canots d’écorce, montés de sept braves chacun ; leurs armes gisaient au fond des