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Les Exploits d’Iberville

Le jeune homme prit le papier et lut à demi voix les lignes suivantes :

« À bord de l’Hudson Bay, mon commandant, se trouve M. Villedieu, qui s’est évadé de la prison de New-York, comme il vient de me le raconter, grâce à la bravoure et au dévouement de deux compatriotes, Pierre Dumas et Jean Kernouët, qui sont également à bord, ce dernier avec sa fille. Jean Kernouët prétend connaître mon collègue, le lieutenant Duperret-Janson, et demande à être transporté sur votre vaisseau. J’attends vos ordres. »

De La Salle


Urbain resta quelques instants stupéfié, inerte, puis il fit mine de s’élancer vers la porte ; mais le bras de fer d’Iberville le retint cloué sur son siège. Il ne fit aucune résistance, devint pâle, puis le sang afflua à ses joues, et il s’affaissa en sanglotant sur l’épaule de son chef.

D’Iberville, qui avait vu le jeune homme impassible en face du canon ennemi vomissant la mort, insensible à toutes les souffrances physiques, aux privations de toutes sortes, fut ému de voir cette rude nature brisée par une émotion trop forte.

Il respecta ce moment de défaillance du jeune homme, qu’il serra sur sa large poitrine avec la sollicitude d’une mère qui prodigue à son enfant les consolations.

Urbain, honteux de sa faiblesse, montra enfin son visage couvert de douces larmes.