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Les Exploits d’Iberville

devait être le commandant si redouté. À la tête de vingt hommes, il s’élança à sa rencontre et ne put l’atteindre protégé qu’il était par le tournoiement fulgurant de son arme.

Cependant, il allait lui devenir impossible de lutter contre tant d’adversaires, quand un homme s’élança à ses côtés.

Celui-là n’avait à la main qu’une barre de fer, mais si lourde que des marins ordinaires l’auraient à peine soulevée. Maniée par Cacatoès, dont la force des muscles était proverbiale, ou le sait, elle semblait légère comme une baguette ; mais l’ennemi s’aperçut bientôt qu’elle fendait les crânes comme une massue, et brisait d’un seul coup les membres. Les sabres s’ébréchaient à son choc. Elle roulait avec une rapidité folle, remplaçant à elle seule un groupe de défenseurs.

D’instant en instant, Cacatoès soufflait un hon ! et un ou plusieurs hommes tombaient. Il y eut bientôt une véritable hécatombe autour de lui.

Repoussé par cette attaque furieuse, l’équipage anglais s’était massé sur le gaillard d’arrière. Dégagés un instant, d’Iberville et Cacatoès, suivis de quelques matelots, allaient recommencer, quand le cri suivant, lancé par une voix de stentor, retentit au-dessus du bruit de la lutte :

— Ventre à terre !…

Les Canadiens reconnurent la voix d’Urbain et obéirent au commandement.