Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
Les Exploits d’Iberville

légère embarcation, glissant sur l’eau avec la rapidité de la flèche, disparaissait aux regards de Jean Kernouët et de sa fille restés sur le rivage.

La jeune fille s’essuya les yeux, prit le bras de son père, et tous deux se dirigèrent silencieux vers le village.

II

La nuit du 5 août 1689.

Jean Marie Kernouët, arrivé au pays depuis quatre ou cinq années avec quelques ressources pécuniaires, s’était établi sur la partie supérieure de l’Île de Montréal avec sa famille et deux garçons de ferme émigrés avec lui.

Quelques malheurs domestiques, la perte d’une femme adorée, et certains différents avec son seigneur, lui avaient fait prendre en grippe le séjour du pays natal et chercher refuge au Canada.

Grâce à son énergie, à son travail et à d’assez beaux bénéfices réalisés dans la traite avec les sauvages, le père Kernouët, comme l’appelait son entourage, jouissait d’un degré d’aisance et de considération très-rare à cette époque dans la colonie.

De retour à la ferme, après le départ d’Urbain, Yvonne prépara le repas du soir qui fut pris en commun, et la prière récitée par le père Kernouët, la jeune fille se retira dans sa chambre.