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Les Exploits d’Iberville

Le gaillard d’arrière et celui d’avant se couvraient de combattants attendant avec impatience le signal de l’attaque.

Ce n’était pas seulement sur le pont que devait se passer l’action meurtrière : les hunes et les vergues se changeaient en citadelles. Les marins gagnaient avec des cris de joie ces postes aériens.

Cacatoès, toujours aimable, que c’était à se demander, suivant l’expression populaire, s’il ne sentait pas sa mort, Cacatoès à son poste, près du grand mat, multipliait les conseils aux trois jeunes mousses du bord à l’éducation desquels il s’était dévoué.

— Mes petits, leur disait-il, vous n’avez pas aujourd’hui de besogne bien difficile. À chacun suivant son âge et son expérience. Mille barbasses ! vous avez lancé des boules de neige et fait faire des ricochets dans l’eau en tirant des cailloux, pas vrai ?

— Oui, maître ! répondirent les trois mousses.

— Et même que je vise crânement bien, sans me vanter ! ajouta Fanfan.

— Nous verrons cela, mon garçon. Vous resterez tous les trois dans cet amas de grenades, c’est la consigne. Les canons feront un bruit d’enfer ; les boulets et la mitraille pleuveront autour de vous, ce n’est rien ! Et puisque c’est votre première campagne et que la peur peut essayer de vous attraper, mes agneaux ! attrapez-là, vous autres et dites-vous : le plus que ça peut faire, c’est de trancher l’écoute, comme qui dirait cracher sa langue !…