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Les Exploits d’Iberville

fille : c’est une noble profession que celle que vous avez l’honneur d’exercer tous les deux ; c’est un noble devoir que celui de combattre pour son roi, et de courir sus à l’Anglais, sous les ordres d’un brave marin comme le commandant d’Iberville !

— Vous vous êtes mépris sur le sens de mes paroles. Car je l’aime, ma profession et c’est avec joie que je verserai tout mon sang pour la France et le Canada. Mais la joie de reprendre la mer, de retrouver le commandant que j’aime comme un frère aîné, est gâtée par la pensée de l’isolement et du danger dans lesquels je vous quitte.

— Encore une fois, rassurez-vous, mon ami, et ne pensez qu’à bien faire votre devoir, si vous voulez qu’on vous accorde la main de mon Yvonne.

À ces mots du vieillard, et sous le regard affectueux du jeune marin, Yvonne rougit et baissa les yeux. Mais un instant après, tendant bravement et sans fausse pudeur la main au jeune homme :

— Oui, faites bien votre devoir, Urbain, dit-elle ; mais ne vous exposez pas trop, veillez sur mon frère, et jusqu’à votre retour, je prierai bien la Sainte Vierge de vous avoir tous les deux en sa bonne et sainte garde !

— Merci, Yvonne, répondit Urbain, je vous promets d’être toujours digne de vous.

Tous trois étaient arrivés au canot retenu par le jeune huron. Quelques minutes après, la frêle et