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Les Exploits d’Iberville

Hâtons-nous d’ajouter cependant, qu’en cette circonstance, par respect pour son chef, Cacatoès se contenta d’exhumer du fond de son gosier un hum ! à faire trembler les vitres du grillage,

— Tu comprends, vieux, reprit d’Iberville, et vous aussi, Urbain, qu’il était de mon devoir tout à l’heure, devant l’équipage, de parler comme je l’ai fait. Mais ici, mes amis, il faut tenir un autre langage et ne pas se dissimuler l’horrible vérité… Je croîs le navire perdu !… C’est un conseil de guerre que nous tenons. Que pensez-vous qu’il faille tenter pour le sauver ?

— Que toutes les mille barbasses !… s’il y en avait que deux !… murmura Cacatoès.

— La situation est simple, continua d’Iberville. Pas de secours possibles de terre puisque le fort Bourbon est occupé par les Anglais. Au large, trois navires de haut-bord qui nous barrent la route et qui nous empêchent de prendre chasse. Contre au-delà peut-être de deux cents canons et de mille à douze cents hommes d’équipage, je n’ai à opposer que les cinquante canons du Pélican et mes cent cinquante Canadiens.

— Si encore, il y en avait seulement un de moins… murmura de nouveau Cacatoès.

— Une seule chance nous restait pour éviter un combat ridiculement inégal, reprit le commandant : celle d’appuyer sur tribord et de mettre bravement le cap sur le fort Bourbon ; mais celle-ci vraisemblable-