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Les Exploits d’Iberville

plus tard que demain avec les sauvagesses sur le plancher des vaches du…

— Maître ! dit en ce moment une voix timide.

— Quoi ! répliqua celui-ci en se retournant avec colère.

— Maître, c’est le commandant qui vous demande.

— Où est-il, le commandant ?

— Dans son carré.

Cacatoès lança un long jet de salive noirâtre dans la mer, assujettit sa chique à bâbord, s’essuya la bouche avec la manche de sa vareuse et se dirigea vers la petite écoutille.

Le navire, ayant viré de bord, courait vers la mer avec une vitesse effrayante. Les côtes de la Baie d’Hudson se dessinaient de plus en plus. Quant aux navires signalés, tous tendaient à se ranger à bâbord.

— Sont-ils bêtes, ces chiens d’Anglais ! fit un matelot du mat de misaine. Ils s’en vont tous du même bord : si on était mal élevé, on pourrait leur brûler la politesse.

— Le commandant sait bien ce qu’il fait ! répliqua sentencieusement un camarade.

Urbain se promenait sur la passerelle, surveillant toujours la marche de l’ennemi. S’arrêtant tout-à-coup il murmura avec un triste sourire :

— Allons ! s’il faut mourir ici, ce sera au moins de belles funérailles, et j’aurai la consolation de périr en