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Les Exploits d’Iberville

cher ; il erre comme une âme en peine, sombre, les yeux fixées en terre dans l’espoir d’y rencontrer des billets de banque, le bonnet enfoncé sur le nez…

Cacatoès était soumis à la loi commune. Le bonnet était-il absolument posé sur le derrière de la tête, mais là si en arrière qu’on le vit choir en plus d’une circonstance ? — La brise adonne, disait les matelots, le maître sera indulgent, on pourra s’en donner dans le grand genre de ne rien faire et se prélasser sur les enfléchures.

Mais au contraire, le bonnet était-il bien enfoncé sur les yeux qu’à peine le vieux maître pouvait y voir ? Alerte ! il fallait filer proprement son écoute et gouverner droit.

Ainsi donc, bonnet en haut : joie et gaieté, bon temps pour tout le monde. Bonnet en bas : chacun devenait triste et soucieux sans trop savoir pourquoi.

Ce matin tout l’équipage était soucieux et triste, et le bonnet de Cacatoès partant plus enfoncé que d’habitude, si enfoncé même qu’on apercevait sa mèche du sommet de la tête, espèce de hure dont il était très-fier.

— Terre ! cria tout-à-coup une voix tombant du haut du grand mat.

— Vive la France ! crièrent les matelots en se précipitant vers les bastingages pour interroger l’horizon.