de se procurer le plus d’exercice possible dans l’espace le plus resserré. Cet officier était un jeune homme d’une trentaine d’années au plus, au teint hâlé, aux cheveux noirs, à la physionomie fort belle, à l’air résolu et à la démarche dégagée. À ce simple portrait, le lecteur a deviné qu’il s’agit d’Urbain Duperret-Janson, lieutenant en premier du vaisseau.
Le jeune officier se rapprocha du bastingage de tribord, appuya ses deux coudes sur le plat-bord et braqua sa lorgnette dans la direction du nord-est. Il demeura ainsi plusieurs minutes dans une immobilité complète ; puis il se dressa et fit rentrer l’un dans l’autre les tubes de cuivre de l’instrument avec un mouvement d’impatience.
— Rien encore ! murmura-t-il.
Puis se retournant, il cria d’un ton brusque :
— Timonier, la brise fraîchit ; laisse arriver d’un quart !
Le timonier obéit, et le navire, plongeant de l’avant, fila plus rapide sous l’effort de la brise. Le lieutenant avait reprit sa promenade et son regard interrogeait avidement l’horizon à tribord.
Le premier quart du jour était piqué, les tribordais venaient de remplacer les bâbordais à la garde du navire, le timonier avait cédé son poste à un vieux matelot. Le lieutenant en second, le sieur de la Salle, après avoir donné le point à Urbain, qui prenait le quart à son tour, était descendu auprès du commandant.