Bien avant dix heures, Dumas était au rendez-vous. Il trouva la jeune fille un peu pâle, un peu nerveuse, mais dans des dispositions nullement de nature à faire redouter quelque faiblesse au moment suprême.
Yvonne avait mis un juste-au-corps très-serré à la taille, une jupe très-courte et avait emprisonné ses jambes dans des guêtres en toile imperméable et coiffé sa tête d’une espèce de toque en velours noir.
Elle était gentille à croquer dans cette toilette hétéroclite.
Le père Kernouët avait revêtu son grand costume de coureur des bois : blouse ou tunique de chasse en peau de daim, guêtres et mocassins de même matière, bonnet de fourrure, baudriers se croisant sur sa poitrine, à l’un desquels pend le sac de balles, à l’autre la corne à poudre. Sa ceinture supporte deux pistolets et un long couteau de chasse. Un fusil est déposé dans un coin de la salle auprès de deux énormes porte-manteaux qui renferment toute la fortune de la famille Kernouët.
Pierre est en costume complet de marin du port : caban de toile goudronnée, large chapeau de la même étoffe. Il est armé comme son compagnon.
— As-tu l’échelle ? dit celui-ci en s’adressant à Pierre.
— Et une bonne, encore, fabriquée par moi avec du bon merlin.