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Les Exploits d’Iberville

urgents si nous abordons sur une terre française. Mais l’important, c’est de partir d’abord…

— Je le disais bien, fit Pierre avec enthousiasme, que mademoiselle Yvonne a plus d’esprit et de ressources dans son petit doigt qu’il y en a dans nos deux têtes.

— Remercions Dieu ! mes enfants, dit le père Kernouët en joignant les mains. Ah ! je commence à croire que le ciel est pour nous et que nous réussirons.

— Comment ! si nous réussirons ! cria Pierre. Je le crois bien, que nous réussirons, puisqu’il nous donne un de ses anges pour nous guider !…

— Trêve ! ami Pierre ! trêve ! fit Yvonne en souriant.

— Maintenant, mes enfants, reprit Kernouët, arrêtons nos derniers préparatifs.

Demain, je suis malade, et si mon patron envoie aux nouvelles, on me trouvera au lit. Après demain, on ne s’inquiétera en aucune façon de mon absence, ce qui nous donne au moins vingt-quatre heures avant d’éveiller les soupçons. Nous serons alors sinon hors de danger, du moins à une distance assez considérable pour qu’on ne s’avise pas de nous donner la chasse.

Pierre, tu passeras demain matin aux entrepôts pour prévenir mon patron de ma prétendue maladie, et tu iras ensuite prendre possession de la pinasse et