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Les Exploits d’Iberville

à gagner quelque port du Canada où nous serons recueillis par un navire français.

Je ne me dissimule pas les dangers d’une telle navigation, les chances précaires du succès ; mais tout plutôt que de demeurer plus longtemps ici… Qu’en dites-vous, mes enfants ?

— J’en suis, père Kernouët. Seulement…

— Eh bien ! quoi ?

— Où la prendrons-nous, cette embarcation ? Nous faudra-t-il nous en emparer et brûler la politesse à son propriétaire ?…

— Non, certes. Grâce à Dieu, j’ai fait des épargnes depuis quelque temps, et, à l’heure qu’il est je puis disposer d’une somme de quatre cents livres, et il m’en reste pour les dépenses du voyage.

— Dame ! vous m’en direz tant.

— Est-ce compris ? Acceptez-vous mon projet ?

— De grand cœur.

— Mais, mon père, fit Yvonne, partirons-nous en laissant ce pauvre officier français derrière nous ?

— C’est bien mon intention de faire tout au monde pour le sauver, d’autant plus qu’il nous sera indispensable pour la manœuvre du bateau. C’est vers quatre heures, dis-tu ? Pierre, ? que tu as vu le prisonnier ?

— Qui, père Kernouët…

— Eh bien ! le prisonnier, M. Yilledieu, aura tout probablement raisonné ainsi : ou ma communication