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Les Exploits d’Iberville

droit où se trouve aujourd’hui l’entrée du pont de Lachine.

De ces trois personnes, l’une porte avec élégance l’uniforme d’officier de la marine française, costume un peu fantaisiste, il est vrai, mais que le genre de guerre qui se faisait alors dans la colonie rendait nécessaire.

Urbain Duperret-Janson — tel est le nom de ce personnage — a atteint toute sa croissance, bien que sa taille élancée et ses formes juvéniles indiquent que ses membres n’ont point acquis tout leur développement musculaire. Sa peau est brune, ses cheveux sont noirs comme l’aile d’un corbeau ; ses yeux, grands et expressifs, ses traits bien accentués. Ses machoires surtout, fortement accusées, sont des signes irrécusables de résolution et de fermeté : tout son air indique le courage.

Son caractère ne dément pas sa physionomie, car il possède à un degré remarquable les qualités que nous venons de mentionner.

On remarque, malgré sa jeunesse — il a à peine vingt-deux ans — une certaine gravité dans ses manières, non pas qu’il soit morose et enclin à la misanthropie, loin de là, seulement, la modestie et le bon sens répriment un peu chez lui la fougue du tempéramment. Cette gravité prématurée n’indique pas non plus l’ineptie ; au contraire, les traits du jeune homme révèlent un esprit délié, capable des résolutions les plus promptes et les plus énergiques. Sa