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Les Exploits d’Iberville

Tandis que la jeune fille sert les deux hommes, nous allons donner, aussi brièvement que possible, l’explication du dialogue que nous avons entendu tout à l’heure dans l’auberge entre Kernoüet ét son compagnon, et pour cela il nous faut remonter au départ d’Yvonne d’Albany.

Ce n’est pas sans un véritable serrement de cœur que la jeune fille dit adieu pour toujours au toit qui l’avait abritée pendant plus de quatre années.

Jusqu’au jour où la mère de Lewis s’était aperçue des sentiments de son fils pour la jeune fille, celle-ci n’avait rencontré dans la famille Glen qu’un attachement réel et des témoignages d’affection. Ellen était pour Yvonne une jeune sœur auquel elle avait voué un tendre dévouement, et elle s’était plu à entourer sa bienfaitrice d’un soin filial.

Et il fallait à un moment d’avis quitter tout cela : les joies d’une véritable famille, un bien-être auquel elle s’était accoutumée pour courir après l’inconnu, la misère peut-être. Mais en face du devoir, la jeune fille n’avait pas hésité un instant.

En arrivant à New-York, Yvonne n’eût cependant pas de peine à retrouver son père, qui approuva en tous points sa conduite et la conduisit à l’hôtel, en attendant une installation plus sérieuse.

Quelques jours après, Kernouët obtint l’autorisation d’occuper une maison de son patron qu’il meubla du simple nécessaire.

C’est alors que la jeune fille se sentit bien isolée