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Les Exploits d’Iberville

des troupes, et ils s’emparèrent de la province sans coup férir, car les colons hollandais tirèrent à peine l’épée pour se défendre. Plus amoureux de leur bien-être que sensibles à l’honneur national, ils acceptèrent volontiers un état de choses qui leur permettait du moins de commercer en paix.

L’Angleterre acquit donc à peu de frais une belle province, qu’elle nomma Nouvelle-York, et en échange de laquelle elle céda à la Hollande la plantation de Surinam dans la Guyane.

C’est ainsi que l’Angleterre devint notre voisine dans la vallée du Saint-Laurent, mauvaise voisine, avec laquelle nos pères eurent à lutter sans cesse jusqu’à la cession, lutte gigantesque, lutte glorieuse dans notre défaite ; car si nous eussions eu à combattre un ennemi seulement double du nôtre, en dépit de l’abandon de la France, nous en serions sortis vainqueur.

La Providence ménageait une destinée plus glorieuse à cette poignée de 60,000 Canadiens qui resta au pays : celle de croître, de prospérer, de prendre une prépondérance qu’il n’est plus possible de nier, au milieu d’un peuple hostile, d’une mère marâtre, tout en conservant sa langue, ses lois, sa religion, ses mœurs et ses coutumes.

Spectacle à nul autre pareil et qui doit nous rendre bien fiers de porter le nom de canadiens-français.

Boston était alors le siège du gouvernement de la Nouvelle-Angleterre ; mais New-York en était le port le plus important.