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Les Exploits d’Iberville

— Maintenant, jeune homme, qu’il est bien constaté que vous n’êtes rien ici qu’un imposteur, que rien ne vous appartient et que mes cousins et moi sommes les seuls et légitimes propriétaires de ces domaines, vous allez nous faire le plaisir de déguerpir de céant et aller chercher gite et protection ailleurs qu’au château de la Belle-Jardinière.

« Un violent murmure d’indignation accueillit ces paroles du vicomte qui vit qu’il avait été trop loin.

« Quant à moi, mon commandant, je compris que j’allais étouffer ou devenir fou si je ne donnais pas sur l’heure libre cours à ma colère, à mon indignation et à ma douleur.

— Attendez ! misérable ! criai-je d’une voix étranglée en me précipitant l’épée haute sur le vicomte qui devint vert de peur, attendez ! infâme ! qui venez m’insulter sous le toit de celui que j’appelais mon père !… le châtiment suivra de près l’injure…

« Heureusement pour le vicomte, dix personnes s’interposèrent entre nous, et le comte de Langeac, pour lequel je professais une amitié respectueuse, réussit à me désarmer et à m’entrainer à l’autre extrémité de la salle.

« Cependant, maître Raguteau, qui avait repris son sang-froid, s’approchant du vicomte qu’entourait un groupe de gentilshommes indignés :

— Monsieur, lui cria-t-il avec sa franchise d’honnête homme, vous venez de commettre une action