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Les Exploits d’Iberville

— Je crois devoir déclarer, dit maître Raguteau, moi, le notaire, le confident du marquis, avoir préparé pour mon noble ami un projet d’acte d’adoption en bonne et dû forme, que l’on trouvera sans doute dans ses papiers.

« Le vicomte tira un papier de sa poche, qu’il déploya avec solennité.

— Qu’est-ce que cela ? demandai-je.

— C’est l’acte dont parle maître Raguteau. Je vais le lire à haute et intelligible voix.

« En effet, il le lut au milieu du silence général, soulignant en quelque sorte chaque phrase.

— Que trouvez-vous d’irrégulier dans cet acte ? reprit maître Raguteau. Le tout est inattaquable.

— Veuilles donc, s’il vous plait, le relire vous-même, maître Raguteau, fit le vicomte en lui passant le papier.

« Mais à peine le notaire y eut-il jeté les yeux, qu’il s’affaissa sur son siège en poussant un faible gémissement.

— Qu’y a-t-il ? firent plusieurs voix.

— Hélas ! il n’est pas signé ! répondît maître Raguteau.

— Pas signé ! m’écriai-je à mon tour.

— Eh ! oui, il ne manque que cette petite formalité, reprit le vicomte en ricanant, il est vrai qu’elle est importante.

« Alors se tournant vers moi, d’un ton sec et dur :