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Les Exploits d’Iberville

— Qui je suis ? mais qui êtes-vous vous-même ? insolent ! m’écriai-je sentant déjà la colère bouillonner dans ma tête.

« Un des vieux amis du marquis, le comte de Langeac, qui me portait un réel intérêt, se levant alors :

— Je crois de mon devoir d’apprendre à M. de la Bouteillerie, dit-il en s’adressant à celui-ci, ce qu’il ignore sans doute : c’est que ce jeune homme, comme il l’appelle, est le fils d’affection, le fils d’adoption de feu mon ami le marquis de Duperret-Janson que Dieu a bien voulu appeler en son saint paradis.

« Un murmure d’approbation accueillit le témoignage de ce noble vieillard aux cheveux blancs. Mais le vicomte ne se tint pas pour battu.

— M. le comte de Langeac, reprit-il avec un sourire ironique, commet ici une légère erreur. Monsieur le comte a bien dit fils d’adoption, n’est-ce pas, en parlant de ce jeune homme ?

— Oui, monsieur.

— Eh ! bien ! la bonne foi de monsieur le comte a été surprise, sa religion trompée. Ce jeune homme a peut-être été l’affection de notre cousin défunt, mais son fils d’adoption, jamais.

— Vous mentez ! vous en avez menti ! m’écriai-je.

— Je ne mens jamais ! reprit le vicomte, avec un sang-froid imperturbable.