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Les Exploits d’Iberville

« De fausses idées, dit Garneau, une connaissance imparfaite du caractère des relations politiques entre les Français et les sauvages, surtout les cantons iroquois, lui firent commettre des actes qu’aucune justice ne pouvait excuser, et qui eurent la conséquence qu’on doit toujours attendre d’une pareille conduite, c’est-à-dire, une rétribution plus ou moins tardive. »

Chose remarquable, il est peu de gouverneur qui ait tant écrit et tant donné de sages conseils sur le Canada, et il n’en est peut-être pas un qui ait laissé la colonie dans un si déplorable état. N’est-ce pas en effet M. de Denonville qui recommandait au ministre d’envoyer de bons paysans, qui « mettent la main à la hache et à la pioche » pour ouvrir les terres ? N’est-ce pas lui encore qui se plaignait du grand nombre de nobles — cadets de famille cherchant fortune et, dans les circonstances une source de nuisance — n’est-ce pas lui, disons-nous, qui se plaignait du grand nombre de nobles qu’il y avait dans la colonie ?

« À ce sujet, écrivait-il au ministre en 1686, je dois rendre compte à monseigneur de l’extrême pauvreté de plusieurs nombreuses familles, qui sont à la mendicité, toutes nobles ou vivant comme telles. La famille de St. Ours est à la tête. Il est bon gentilhomme du Dauphiné, parent du maréchal d’Estrades, chargé d’une femme et de dix enfants. Le père et la mère me paraissent dans un véritable désespoir de leur pauvreté. Cependant les enfants ne s’épargnent pas, car j’ai vu deux grandes filles couper des blés et