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Les Exploits d’Iberville

— Mon enfant, me dit-il, je demande au ciel qu’il fasse descendre ses bénédictions sur ta jeune tête, comme je te bénis moi-même du plus profond de mon cœur.

« Violemment ému, je rendis au vieillard ses caresses et je murmurai :

— Merci, mon bon père, merci de cette tendresse que vous daignez m’accorder. Que Dieu prolonge ma vie, afin de me permettre de vous en consacrer tous les instants.

— Mon enfant, reprit le marquis en m’attirant près de lui sur un divan, assieds-toi et causons.

« Ces allures nouvelles, la solennelle gravité répandue sur le visage du vieillard me fit présumer que l’entretien allait être sérieux.

— Mon cher enfant, continua-t-il, il y a dix ans que tout petit ton père te remettait entre mes mains, il y a donc dix années que je te regarde comme mon propre fils.

« Depuis le jour où tu as franchi le seuil de cette maison, je crois n’avoir rien négligé de ce qui m’a paru devoir assurer ton bonheur. J’ai cherché à développer ton corps en même temps qu’à former ton cœur, à cultiver ton esprit. J’ai été aussi jaloux de te préserver des maladies du corps qu’aux maladies de l’âme qui sont les vices. Me rendras-tu ce témoignage ?

— Oh ! mon bon père, m’écriai-je, je ne trouve pas