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Les Exploits d’Iberville

« Tout l’engageait, du reste à nourrir ce projet à mon intention. Le marquis ne se connaissait que quelques collatéraux éloignés, riches eux-mêmes, pour lesquels il ne professait qu’une indifférence marquée, sinon une aversion réelle, ayant eu à se plaindre de leur part, lors de son mariage, de certains procédés peu délicats, et contre lesquels par conséquent il n’avait à craindre d’exercer aucune spoliation. Ces collatéraux ne portaient pas le même nom, et la pensée que celui de Duperret-Janson allait disparaître avec lui et qu’après sa mort, son vieux manoir et ses immenses domaines iraient grossir la fortune de ces parents éloignés et hostiles, avait toujours été une des nombreuses douleurs de sa vie.

« D’ailleurs — faut-il l’avouer — il avait senti naître dans son cœur qu’il croyait mort à toutes nouvelles affections, une vive sympathie pour ce petit paysan dont le sang avait coulé pour lui. Qui sait ! si cet intérêt ne viendrait pas apporter quelques rayons de soleil dans sa vie brisée ?

Voilà ce qui lui fit d’abord demander ma mère pour s’assurer des qualités de l’enfant et lui faire les premières ouvertures. En face de ce brillant avenir, la pauvre femme consentit à déchirer son cœur maternel en se séparant de son fils. Voilà pourquoi nous nous dirigions vers le château, mon père et moi, dont le consentement était indispensable.

« Un valet de chambre nous introduisit auprès du marquis qui nous accueillit d’un geste gracieux et