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Les Exploits d’Iberville

alcôve, un enfant d’une huitaine d’années, blonde tête innocente et rose, reposait d’un sommeil profond sur un amas de fougère. Ses petits bras recourbés gracieusement lui servaient d’oreiller. Il avait à ses côtés un trébuchet, son instrument de chasseur, et quelques oiseaux passés dans une ficelle comme les grains d’un chapelet.

« Réveillé en sursaut par le bruit des sabots du cheval frappant le sol rocailleux de la route, l’enfant d’un coup d’œil reconnut le marquis et le danger qui menaçait ses jours.

« Si jeune pourtant, l’enfant n’hésita pas une seconde.

« D’un bond, il était entre l’abîme et le cheval qui allait, en moins de dix élans, disparaître dans le gouffre et y précipiter son cavalier. Aussi rapide que le trait de l’arbalète, il passa près de l’enfant ; mais celui-ci, avec l’agilité du chat sauvage, s’était déjà élancé à sa tête et de ses deux petites mains se tenaient cramponné aux branches du mors. Le cheval, étourdi et étonné par cette agression subite, se cabra et secoua la tête pour se débarrasser de son nouveau fardeau ; mais épuisé par la course qu’il venait de fournir, il manqua à la fois des deux pieds de derrière et s’abattit en heurtant de sa tête la poitrine de son jeune dompteur.

« M. Duperret-Janson était sauvé, mais l’enfant gisait sur le sol évanoui et tout sanglant.