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Les Exploits d’Iberville

rable chaumière construite avec des branchages et de la mousse, trois personnes : le père, la mère et un petit garçon. Le père avait été soldat dans sa jeunesse. Gâté par le séjour des garnisons, de retour au pays, il avait épousé une brave fille qu’il maltraitait et rouait de coups le plus souvent.

« Pierre Labranche — tel était son nom — ayant tout travail en horreur, s’était fait braconnier, utilisant son ancienne adresse de tireur pour nourrir sa famille. La mère, une sainte femme, quoique minée par la fièvre, suite de la misère et des mauvais traitements, trouvait cependant la force d’inculquer à son fils les principes fondamentaux de la morale chrétienne. Quant à celui-ci, beau à ravir dans ses haillons, il annonçait une précoce intelligence que sa mère s’efforçait de tourner vers le bien.

« Dois-je vous dire de suite, capitaine, que j’étais cet enfant-là ?

Après un geste d’assentiment de son auditeur, voyant que celui-ci ne cherchait nullement à l’interrompre, Urbain continua :

« Le braconnier était d’une brutalité extrême, et s’il retournait bredouille de ses courses dans la garenne, il rouait de coups le pauvre enfant, à moins que celui-ci ne cherchât un refuge dans les bois où il passait parfois deux ou trois jours sans reparaître à la maison paternelle.

« Un jour sombre d’automne, le marquis était à la chasse. Il s’agissait de courir sus à une bande de