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Les Exploits d’Iberville

faisant le malheur de son fils, n’allait-elle pas du même coup briser deux cœurs ? Car madame Glen ne pouvait se dissimuler les mérites réels de la jeune fille à l’attention de Lewis. Elle se demanda si elle devait donner le soir même à son fils la lettre d’Yvonne ? N’était-il pas à redouter qu’elle n’eut eu le temps nécessaire pour mettre entre son fils et elle une distance suffisante ?

Une seconde diligence partait à quatre heures. Elle prit la décision suivante : si son fils se présentait avant le départ, elle lui cacherait la vérité, sous un prétexte ou sous un autre jusqu’au lendemain. Dans le cas contraire, il n’y avait aucun danger à brûler de suite ses vaisseaux.

Lewis ne se présenta qu’à la nuit. Sa mère l’attendait dans ses appartements où il fut immédiatement introduit.

Le jeune homme était calme, quoiqu’un peu pâle.

— Ma mère, dit-il, j’ai bien souffert depuis vingt-quatre heures. Allez-vous mettre enfin un terme à mes tourments ?

Sans répondre, madame Glen lui tendit la lettre d’Yvonne avec un sourire navré.

Disons-le, la patricienne, la femme ambitieuse disparaissait ici en présence de la douleur qu’elle allait causer à son fils.

— N’avez-vous pas parlé, ma mère ? demanda Lewis en prenant la lettre d’un air étonné.