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Les Exploits d’Iberville

« J’écris à votre fils suivant vos intentions, et nul doute qu’il vous donnera communication de ma lettre. C’est pour cette raison que je la fais passer par vos mains.

« Je fais le sacrifice de mes adieux, de mes baisers, à cette chère Ellen. Vous lui donnerez pour prétexte de mon départ précipité le motif que vous jugerez nécessaire et à propos. Mais je ne veux pas quitter cette maison sans vous prier de lui dire que je lui laisse une partie de mon cœur à cette enfant que j’aime comme une sœur.

« Je vais rejoindre mon père qui saura bien me dérober aux poursuites de votre fils, si toutefois vos craintes à cet égard ne sont pas chimériques.

« Et maintenant, adieu ! madame. Daignez croire que dans mes chagrins, pas un seul autre sentiment qu’une reconnaissance sans bornes, n’existe pour vous et votre famille dans mon âme. »

— Eh bien ! c’est à merveille ! se dit madame Glen après un instant de surprise et de crainte. Elle entre dans mes idées et tout est bien ainsi. J’aime mieux ne pas savoir ce qu’elle compte faire. Je ne craindrai pas de la sorte que mon fils m’arrache la vérité.

Lee soir arriva pourtant trop vite à son gré… Ses craintes grossirent en voyant approcher l’heure de la visite de son fils. Elle eut même une pensée de remords, car, ignorant l’état du cœur d’Yvonne, elle se demanda si ses soupçons n’étaient pas injustes. En