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trouvais. Il est vrai que Diderot et d’Holbach n’étaient pas (du moins je ne puis le croire) gens à tramer des complots bien noirs ; l’un n’en avait pas la méchanceté, ni l’autre l’habileté : mais c’était en cela même que la partie était mieux liée. Grimm seul formait son plan dans sa tête, et n’en montrait aux deux autres que ce qu’ils avaient besoin de voir pour concourir à l’exécution. L’ascendant qu’il avait pris sur eux rendait ce concours facile, et l’effet du tout répondait à la supériorité de son talent.

Ce fut avec ce talent supérieur que, sentant l’avantage qu’il pouvait tirer de nos positions respectives, il forma le projet de renverser ma réputation de fond en comble, et de m’en faire une tout opposée, sans se compromettre, en commençant par élever autour de moi un édifice de ténèbres qu’il me fût impossible de percer pour éclairer ses manœuvres, et pour le démasquer.

Cette entreprise était difficile, en ce qu’il en fallait pallier l’iniquité aux yeux de ceux qui devaient y concourir. Il fallait tromper les honnêtes gens ; il fallait écarter de moi tout le monde, ne pas me laisser un seul ami, ni petit ni grand. Que dis-je ! il ne fallait pas laisser percer un seul mot de vérité jusqu’à moi. Si un seul homme généreux me fût venu dire : Vous faites le vertueux, cependant voilà comme on vous traite, et voilà sur quoi l’on vous juge : qu’avez-vous à dire ? La vérité triomphait, et Grimm était perdu. Il le savait ; mais il a sondé son propre cœur, et n’a estimé les hommes que ce qu’ils valent. Je suis fâché, pour l’honneur de l’humanité, qu’il ait calculé si juste.

En marchant dans ces souterrains, ses pas, pour être sûrs, devaient être lents. Il y a douze ans qu’il suit son plan, et le plus difficile reste encore à faire : c’est d’abuser le public entier. Il y reste des yeux qui l’ont suivi de plus près qu’il ne pense. Il le craint, et n’ose encore exposer sa trame au grand jour. Mais il a trouvé le peu difficile moyen d’y faire entrer la puissance, et cette puissance dispose de moi. Soutenu de cet appui, il avance avec moins de risque. Les satellites de la puissance se piquant peu de droiture pour l’ordinaire, et beaucoup moins de franchise, il n’a plus guère à craindre l’indiscrétion de quelque homme de bien ; car il a besoin surtout que je sois environné de ténèbres impénétrables, et que son complot me soit toujours