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XIII

UNE EXPLICATION ORAGEUSE


Claire s’arrêta dans l’encadrement de la porte pour calmer son agitation. Bigot, lui tournant le dos, était en contemplation devant le portrait même de la jeune fille suspendu entre celui de son père et celui de sa mère.

Au léger bruit qu’elle fit en remuant un fauteuil, Bigot se retourna et fut visiblement surpris de se trouver en présence de sa fiancée. Il ne perdit pas son assurance ordinaire cependant, et saluant gracieusement la jeune fille :

— Mademoiselle, dit-il, j’avais demandé une entrevue à monsieur votre père, mais je n’en suis pas moins heureux, que ce soit sa charmante fille qui me reçoive.

— Mon père est sorti, monsieur.

— Je n’ai pas à m’en plaindre et ne puis m’en prendre qu’à moi-même, attendu qu’il ne comptait sur ma visite que cet après-midi. Mais un ordre du gouverneur m’enjoignant d’assister à une réunion extraordinaire du conseil à deux heures, m’a forcé d’avancer le moment de cette entrevue qui doit combler tous mes vœux.

— Je suis heureuse, moi aussi, monsieur, que