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— C’est ?

M. Bigot.

M. Bigot m’envoie cela ?

— Oui, lui-même.

— Que signifie cela ? À quel titre ? demanda-t-elle sérieuse.

M. de Godefroy souriait avec une expression de joie profonde.

— Cela signifie, ma chère enfant, que M. Bigot t’aime, qu’il vient de me demander ta main et que je la lui ai accordée.

Claire joignit les mains et ne put trouver un mot, tant les larmes étaient près de l’aveugler.

— Quel homme que ce Bigot ! continua M. de Godefroy sans s’apercevoir du trouble et du chagrin de sa fille. Quel cœur ! quel esprit ! Non-seulement je lui aurai dû ma fortune, mais encore le bonheur de mon enfant.

Claire embrassa son père et lui demanda la permission de se retirer, n’en pouvant plus.

— Va, mon enfant, va, dit-il avec attendrissement. Je comprends ton émotion. Va prier et dire à ta sainte mère qui est au ciel, que te sachant heureuse ici-bas, je voudrais maintenant que le Seigneur m’appelât auprès d’elle. Va, mon enfant.

La jeune fille monta dans sa chambre.