Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 46 —

Hélas ! cette fois, elle avait beau se faire forte, elle ne pouvait prendre un parti.

Elle pensait, et de grosses larmes coulaient le long de ses joues…

Elle pensait, et elle voyait son père maladie, plein d’effroi et d’inquiétude…

Elle pensait encore, et elle voyait Louis malheureux et triste…

— Que faire, mon Dieu ? se répétait toujours la pauvre enfant. Ce qu’il faut que je fasse avant tout, c’est de ne pas brusquer les événements. Donc, je dois garder ce bouquet.

Et Claire le portait à ses lèvres.

— Mais s’il ne trouve pas ce bouquet, continua-t-elle, il croira que je ne veux pas qu’il parle, que je le repousse, que je ne veux pas l’entendre… lui qui m’aime, lui qui m’a sauvé la vie au péril de la sienne…

Claire se mit à marcher à pas pressés.

— Oh ! comme il m’aime ! dit-elle.

Et son joli visage resplendissait, car cette pensée, cette certitude d’être aimée lui faisait paraître la vie si belle !

— Il m’aime ! il m’aime ! répétait-elle.

Et elle pressait sur ses lèvres le bouquet qu’elle tenait dans ses mains.