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— J’irai au château St-Louis ? s’écria Claire en battant des mains et en tressaillant à la pensée qu’elle y rencontrerait certainement Louis Gravel, dont elle venait d’apprendre, par Dorothée, la nomination comme deuxième secrétaire de M. de Vaudreuil.

— Oui, mon enfant, la semaine prochaine. Tu es contente ?

— Oh ! oui, bien contente et bien heureuse.

— Et quand tu verras M. Bigot, tu me promets de le remercier ?

— De tout mon cœur.

— Maintenant, ma fillette, fais-moi donner à manger, car je meurs de faim.

Ils passèrent dans la salle à manger, et quand ils furent attablés :

— Vous qui venez de la campagne, dit Claire, est-ce vrai, mon père, comme me l’a appris Dorothée, qu’on y pille les grains au nom du roi et qu’on y maltraite les pauvres paysans ?

— Que veux-tu ! Ce sont les ennemis du roi puisqu’ils ne veulent pas livrer leurs grains au munitionnaire des troupes, et il faut bien que M. Bigot sévisse, d’autant plus que la faiblesse du gouverneur les rend insolents. De là la guerre sourde qui existe entre le château et le palais de l’intendance.