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roués de l’époque, il donnait aussi de temps en temps de fort belles fêtes auxquelles la société respectable de Québec ne dédaignait pas de prendre part, voire même le gouverneur et sa suite.

Claire venait à peine de sortir du couvent, quand, un jour, son père la conduisit à une grande chasse à courre dans les bois qui avoisinaient le château de l’Intendant.

Comme presque toutes les dames canadiennes de ce temps-là qui, faute de bonnes voies de communications étaient exposées à voyager souvent à cheval, Claire de Godefroy était une écuyère aussi sure, habile, qu’élégante.

Toute la haute gomme de Québec, comme l’on dirait aujourd’hui, était réunie ce jour-là au château de Bigot dès six heures du matin.

Après un déjeuner fin expédié en quelques minutes, tout le monde se mit en campagne au son joyeux des cors de chasse pour forcer un magnifique chevreuil, au dire des piqueurs ; mais c’est en vain que l’on battit la forêt pendant toute la matinée.

Une partie des chasseurs, parmi lesquels se trouvait Claire, avait poussé une pointe jusqu’au bord du bois, près de l’église, et la cavalcade reprenait le chemin du château, quand le cheval de mademoiselle de Godefroy, qui était