Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 246 —

Français de fuir en sûreté, et, enfin, après avoir été repoussés eux-mêmes, disputèrent le terrain pied par pied, depuis le sommet du côteau jusque dans le ravin. Ces braves y passèrent presque tous, mais ils sauvèrent la vie à une grande partie de l’armée française.

Deux fois, dans la mêlée, Louis Gravel faillit se faire tuer, mais deux fois Tatassou, qui ne l’avait pas quitté d’une semelle, fut là pour abattre l’ennemi qui le serrait de trop près. Il allait s’en retirer sans une égratignure, quand un grand escogriffe d’anglais lui allongea un coup de sabre qui lui fit une estafilade à la figure. Louis tomba et l’ennemi allait lui passer sur le corps : Tatassou le chargea sur ses épaules et le transporta à l’Hôpital Général où il reçut les soins qu’exigeait son état.

La blessure était plus terrible à voir que dangereuse, et quand Claude d’Ivernay rejoignit son ami, il le trouva pansé et se préparant à sortir.

— Battu, n’est-ce pas ? dit Louis Gravel.

— Archibattu, mon pauvre ami.

— L’ennemi s’est-il bien rapproché ?

— De quelque distance seulement.

— Alors nos communications avec la ville ne sont pas interrompues ?

— Non.