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Il mourut quelques instants après.

Le général de Montcalm, déjà blessé, voyant ses troupes fuir en désordre, essaya de les rallier aux portes de la ville. Au même moment il reçut une blessure mortelle. Ce brave ne voulut pas descendre de cheval et il entra dans la ville soutenu par deux grenadiers qui l’entrèrent dans la maison du chirurgien Arnoux, sur la rue St. Louis.

Comme il entrait, quelques femmes voyant le sang couler de ses blessures, s’écrièrent ! « Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! le marquis est tué ! » — « Ce n’est rien ; ce n’est rien ; leur répondit Montcalm, ne vous affligez pas, mes bonnes amies. »

L’armée française fuyait, donc en désordre, quand M. de Montcalm fut mortellement atteint. Louis Gravel et Claude d’Ivernay, qui avaient combattu côté à côté pendant toute l’action, rallièrent deux cents braves Canadiens, — la plupart de la Côte de Beaupré — dans le ravin et remontèrent à leur tête sur le coteau. Il se passa alors un fait d’armes digne des temps d’Homère.

Électrisés par l’exemple de leurs chefs, comme des lions, ils se jetèrent, avec une fureur incroyable, sur l’aile gauche de l’armée anglaise, culbutant tout sur leur passage, arrêtèrent un moment l’ennemi, permirent aux